trilogie Chrysalides (2006-2009)
Le cycle Chrysalides est une exploration onirique sur fond de fin du monde où tout semble converger, voire emporter par une même spirale qui nous projette dans un espace-temps trouble et indéfini. Son travail est en quelque sorte la « chronique d’une mort annoncée » où s’enchevêtrent la déliquescence et la renaissance. Les films de la trilogie, I Feel Cold Today, Chrysalide et 13, sont à la fois autonome et faisant partie d'un tout. Dans les trois films, la nature, indomptable et représentée par l’eau, la neige et la lumière, regagne un pouvoir sur le monde du travail dont l’édifice constitue l’emblème. Le fil conducteur, comme dans son travail en général, se situe dans l’immuabilité du temps en rapport à l’éphémérité des phénomènes biologiques dont nous sommes. Le projet comprend aussi deux autres films, Chrysalide Empereur, qui est une variation de Chrysalide, et Whole Fashion Plaza qui forme une synthèse conclusive des quatre films précédents.
Chrysalides trouve son origine dans l’immeuble le Fashion Plaza, véritable icône d’une époque postindustrielle. En effet, l’édifice, qui abrite l’atelier de l’artiste, est ce qui relie les différentes œuvres entre elles et où se campe le récit. L’artiste ausculte dans ses divers projets, l’extérieur et l’intérieur de l’immeuble qui contient notamment des ateliers d’artistes, des studios de musique, des galeries d’art, des designers et des manufactures de couture. Considérant l’immeuble comme un microcosme de la société et un lieu en constante mutation, il essaie de saisir son essence et de réfléchir à sa fonction de symbole de la société postmoderne.
i feel cold today
I Feel Cold Today (2007), 12 m 50 sec
Dans un mouvement d’ascension et suivant le cours d’un processus inéluctable, une tempête de neige envahit peu à peu un bureau désert. Des objets jonchent le sol en désordre, laissés à l’abandon et devenus obsolètes : une bouteille d’alcool, un cendrier, un téléphone, des revues, un livre, un coffre fort vide. La musique, amalgamant des passages du Requiem de Fauré et des Planètes de Holst, est de nature angoissante et envoûtante, contribuant à alimenter cette impression de catastrophe naturelle ou de fin du monde. Véritable traversée dans l’immaculée blancheur d’une tempête qui s’annonce éternelle et déchaînée, la neige vient recouvrir et faire tomber le monde dans un profond sommeil réparateur. Comme le livre Le zoo humain de Desmond Morris le laisse présager, il pourrait s’agir d’une manière de montrer que nous vivons une existence absurde dans un milieu captif. I Feel Cold Today suggère l’englacement progressif du monde du travail en attente d’une renaissance prochaine.